La santé au travail ne saurait se concevoir uniquement dans sous l’aspect d’évitement de l’apparition des accidents du travail, des maladies professionnelles ou des problèmes d’absentéisme. Il faut y introduire des valeurs et des objectifs positifs et constructifs. Le premier objectif de la santé au travail selon la définition internationale commune du Bureau International du Travail et de l’Organisation Mondiale de la Santé (1950, révisée en 1995) est de « promouvoir et maintenir le plus haut degré de bien-être physique, mental et social des travailleurs dans toutes les professions ».
C’est un objectif positif, aussi bien pour les travailleurs que pour les employeurs. Il est évident qu’une population salariale saine et épanouie ne peut être que productive et porteuse de valeurs et de progrès.
Pour mieux expliciter les objectifs positifs, on peut prendre un exemple de la médecine. Selon les médecins, la prévention des maladies cardiovasculaires passe par l’élimination des facteurs de risque: alimentation déséquilibrée, surpoids, sédentarisme, consommation de tabac, stress, rythme de vie excessif etc. Mais la promotion du changement de ces comportements à risque ne doit pas se limiter au simple rappel des méfaits ou risques de ces comportements et à l’incitation à faire le contraire, mais il est nécessaire de déclencher et entretenir un changement culturel. L’inculcation des valeurs positives comme la joie d’avoir un mode de vie sain (alimentation saine, activité physique régulière, attitude mentale positive, relaxation) représente le meilleur moyen pour arriver au changement culturel et à la prévention de ces maladies.
Le principe de cet exemple peut être totalement transposé dans le domaine de la santé et la sécurité au travail.
A l’heure actuelle, la plupart des entreprises françaises ont de fortes valeurs respecteuses de la sécurité au travail. Ces valeurs sont entrées dans la culture des organisations et il est inconcevable dans certaines entreprises d’entamer des travaux risquants sans avoir pris les mesures préventives collectives ou individuelles nécessaires. Le travail sécuritaire est valorisé.
La protection de la santé physique contre les maladies professionnelles est une notion un peu moins évidente pour les dirigeants ou les travailleurs mêmes. Un trouble musculo-squelettiques ou une intoxication chronique se développe progressivement dans le temps, après un certain temps de latence. Les maladies professionnelles surprennent encore, ce qui fait que la prévention de ces maladies soit encore insuffisante sur les lieux de travail.
Pour ce qui est du domaine de la protection de la santé mentale, c’est encore moins évident. La société et les organisations sont encore très loin de la prise de conscience de son importance. De nombreuses études scientifiques sont publiées, mais l’intégration culturelle de ces résultats est infime.
Pour prendre un exemple: les études montrent que le stress est un facteur de risque cardiovasculaire majeur, aussi important que l’alimentation déséquilibré ou le sédentarisme. Si ces deux derniers aspects sont assez bien connus et addressés par des programmes de promotion de l’alimentation saine et de l’activité physique régulière (bien qu’encore leur application par la population reste insuffisante), il y a très peu de promotion des modes de vie sans stress.
Au niveau des entreprises la problèmatique de la santé mentale est connue sous l’angle du stress au travail et ses manifestations: baisse de productivité, épuisment professionnel, burnout, incapacité de travail, dépressions chroniques, ainsi que dans sa forme extrême, qui choque à chaque fois: les suicides en lien avec le travail. Ce sont d’ailleurs ces derniers qui ont créé ces dernières années une prise de conscience sociale sur le sujet et ont amené la société à demander une prise en compte réelle des facteurs psychosociaux comme facteurs de risque professionnels.
Le terme de santé mentale ou santé psychologique, introduit probablement par des médecins ou psychologues, reflète plutôt leur préoccupation d’éviter l’apparition des troubles de la santé mentale ou les maladies psychiatriques. C’est un terme qui parle peu aux managers et responsables d’entreprise, car ils se considèrent peu compétents dans le domaine de la santé, et pour cette cause ce terme est peu adapté pour une promotion large.
Par contre, le terme de qualité de vie au travail est un terme non seulement accessible, mais aussi plus positif et plus constructif.
Comme mentionné auparavant, la simple connaissance du risque n’est pas efficace pour une prévention réélle. Il faut arriver à valoriser les éléments positifs, de bien-être mental, à intégrer les valeurs positives de qualité de vie au travail dans le fonctionnement des organisations et ce dès la conception de ces organisations. La politique d’entreprise doit intégrer les aspects de risques psychosociaux et qualité de vie au travail à côtés des aspects de productivité, tout comme dans le BTP la sécurité au travail est prise en compte dès la conception et l’installation du chantier.
Voici quelques principes de base de la promotion de la qualité de vie au travail: un fort engagment de la direction dans cette voie, une formation du personnel sur les facteurs de risque psychosociaux, une démarche participative du personnel dans l’identification et la maîtrise de ces risques.
Page créée le 20/04/2012.