La diarrhée du voyageur

 

Conseils aux professionnels qui voyagent à l’étranger

Diarrhée du voyageur = maladie aigue qui apparaît suite à l’ingestion d’aliments ou de boissons contaminés, ainsi qu’à l’exposition du système digestif à des aliments et des condiments nouveaux.

Elle affecte 60% des voyageurs d’un voyage de 2 semaines, surtout en Afrique, Asie, Amérique Latine et au Moyen-Orient.

C’est une maladie auto-limitée à quelques jours mais qui peut être très gênante au cours du voyage. Les manifestations incluent une diarrhée aqueuse, fièvre, nausées, crampes abdominales, malaise, maux de tête.

EDUCATION SANITAIRE

N°1! Respecter les règles d’hygiène bien connues: se laver les mains ou utiliser une solution hydro-alcoolique avant chaque repas et après avoir été aux toilettes

La qualité de l’eau

Il est impossible de savoir si une eau est potable ou non, en prenant en compte son aspect. Une eau limpide, de goût et de saveur convenables, peut malgré tout être contaminée par des bactéries, virus ou parasites.

Eau de boisson – principes :

  • choisir toujours l’eau en bouteille capsulée, préférer une marque connue à une marque locale ;
  • si seulement une marque locale est disponible, préférer l’eau gazeuse à l’eau plate et décapsuler la bouteille soi-même ;
  • si pas d’eau en bouteille capsulée disponible, il faut désinfecter l’eau pour la rendre potable

Traitement de l’eau :

  • première étape : si l’eau est turbide, il faut tout d’abord la filtrer pour la clarifier (sur 2 épaisseurs de filtres à café)
  • deuxième étape : éliminer les bactéries, les virus et les parasites
  • troisième étape : l’eau peut encore contenir des métaux lourds ou autres substances chimiques, pour que l’eau soit tout à fait potable, elle devrait être filtrée sur du charbon activé (pratique cette étape est facultative pour les séjours cours, le risque d’intoxication chronique n’existant qu’en cas de consommation prolongée, pendant des années)

Trois possibilités existent pour éliminer les microorganismes pathogènes :

  • l’ébullition est la manière la plus simple et efficace de désinfecter une eau, elle détruit les bactéries, le virus et les parasites ; il faut juste porter l’eau à l’ébullition, ensuite la laisser se refroidir et la boire ;
  • la désinfection chimique, efficace contre les bactéries et les virus, les produits conseillés sont soit Aquatabs®, soit Micropur Forte® (qui contiennent la même substance, le DCCNa, un produit chloré), 1 comprimé/litre d’eau, ensuite laisser agir pendant 30 minutes avant de boire ; pour atténuer le goût du produit chloré, il est possible d’ajouter 5 minutes avant de boire, 3 gouttes par litre de Drinkwell antichlore® ou Micropur antichlore® ;
  • la microfiltration, permet d’éliminer les bactéries et les parasites et dans une moindre mesure les virus ; certains dispositifs ont également un filtre à charbon activé qui retient les substances organiques et les métaux lourds, en améliorant l’odeur et le goût de l’eau ; l’eau peut être consommé tout de suite ;

En pratique : quelle méthode de traitement de l’eau choisir ?

Si l’on est dans un hôtel ou appartement avec possibilité de bouillir l’eau (cuisinière, courant électrique), la méthode la plus simple et la moins chère est l’ébullition.

Au cours d’un déplacement, l’idéal c’est l’association de la désinfection chimique (qui élimine les bactéries et les virus) avec la microfiltration (qui élimine en plus les parasites).

En pratique, lors d’un hébergement de courte durée à l’hôtel, la désinfection chimique seule de l’eau de robinet peut suffire, à condition de laisser un temps d’action suffisant – au moins 30 minutes, le mieux 2 heures (1 comprimé de DCCNa par litre d’eau, produit commercial : Aquatabs®).

Conseils par rapport aux aliments

  • Eviter les mets trop épicés, les laitages, les légumes crus, les fruits sans enveloppe et peler les fruits avec enveloppe soi-même avant de les consommer
  • Consommer des plats qui viennent d’être préparés et servis encore chauds (viandes, poissons et crustacés suffisamment cuits)
  • Protéger les plats des insectes
  • Eviter de manger des plats froids cuisinés d’avance

TRAITEMENT DE LA DIARRHEE DU VOYAGEUR:

DANS TOUS LES CAS :

Dans tous les cas, pour éviter ou corriger la déshydratation, il faut assurer une réhydratation pendant le traitement : boissons salées ou sucrées afin de compenser les pertes de liquide dues à la diarrhée (la ration quotidienne moyenne en eau de l’adulte est de 2 litres, plus en région tropicale, chaude) et respecter un régime alimentaire particulier (en excluant certains apports et particulièrement les crudités, les fruits, les légumes verts, les plats épicés, ainsi que les aliments ou boissons glacés, et en privilégiant les viandes grillées, le riz).

En cas de diarrhée aigue avec présence de sang dans les selles et fièvre importante, ou en cas de prolongation de la diarrhée au-délà de 48 herures, il est conseillé de consulter un médecin.

TRAITEMENT SYMPTOMATIQUE :

TIORFAN® (racécadotril)

C’est anti-diarrhéique à effet anti-sécrétoire de première intention dans la diarrhée du voyageur, il diminue quantité et le nombre de selles.

Administration : une gélule de 100mg d’emblée quel que soit le moment, puis une gélule au début des 3 principaux repas.

Cas très particuliers – pour un contrôle plus strict des selles, au lieu du TIORFAN utiliser :

LOPERAMIDE® (lopéramide)

Ce médicament n’est pas le traitement de première intention de la diarrhée du voyageur, il n’est utile que dans des cas très particuliers : l’indication de ce médicament dans la diarrhée du voyageur est seulement dans les cas où le voyageur sait qu’il n’aura pas accès aux toilettes (ex. voyages longs en bus, sans toilettes, sans arrêts) ; le médicament est un anti-diarrhéique moteur qui ralentit le transit intestinal et permet ainsi un soulagement des symptômes, mais il n’agit pas au niveau de la cause ; au contraire, comme la diarrhée du voyageur a une origine inféctieuse dans 80% des cas, ralentir le transit ne fait que favoriser le contact entre les microbes et leurs toxines et la muqueuse digestive; par ailleurs, c’est quand même un médicament symptomatique efficace : l’action est rapide et durable.

Le lopéramide ne doit surtout pas être utilisé dans les diarrhées aigues avec présence de sang dans les selles et fièvre importante.

Administration : initialement 2 comprimés à 2 mg, ensuite un comprimé supplémentaire sera administré après chaque selle non moulée, sans dépasser 8 comprimés par 24 heures. Après 2 jours, si pas d’amélioration notable, le traitement devra être revu.

SMECTA® (diosmectite)

Ce médicament a un effet adsorbant (diminuant le nombre des selles) et protecteur de la muqueuse digestive.

Administration : 3 sachets/jour, à distance des repas ; le contenu du sachet doit être délayé dans un demi-verre d’eau.

PLACE DU TRAITEMENT ANTIBIOTIQUE :

La grande majorité des cas ne nécessitent pas de traitement antibiotique, le traitement symptomatique étant suffisant pour assurer une bonne évolution. Une antibiothérapie est indiquée dans les formes moyennes ou sévères, fébriles ou avec selles glairosanglantes (syndrome dysentérique).

Cependant même dans les formes légères, la diarrhée (et les signes associées : fatigue, malaise, crampes abdominales et ballonnements etc.) peut affecter le déroulement normal du séjour, ce qui, dans le cas des voyages professionnels avec une agenda très chargée peut s’avérer perturbant.

En anticipation de cette situation et pour des cas très particuliers des professionnels en mission à l’étranger qui ne peuvent pas se permettre ce genre de désagréments, un traitement antibiotique peut être commencé d’emblée, dès la première selle molle ou liquide.

Voici le traitement antibiotique proposé dans ces cas (décision au niveau du service médical d’entreprise) :

  • toutes les destinations, sauf Asie :

TAVANIC® (lévofloxacine) comprimés de 500mg, boîte de 5 comprimés

Mode d’administration : 1 prise par jour de 1 comprimé, pendant 3 jours

Contre-indications : antécédents d’allergie à des antibiotiques de la classe des fluoroquinolones (dont la lévofloxacine), epilepsie, antécédents de tendinite liée aux quinolones, myasthénie, allaitement, grossesse

Mise en garde : arrêter le traitement en cas de douleurs aux niveau des tendons (surtout le tendon d’Achille) ; éviter l’exposition au soleil ;

  • pour les voyages en Asie, ou si contre-indication à la lévofloxacine :

ZITHROMAX® (azithromycine) comprimés de 250mg, boîte de 6 comprimés

Mode d’administration : 1 prise par jour de 2 comprimés, pendant 3 jours

Contre-indications : antécédents d’allergie à des antibiotiques de la classe des macrolides (dont l’azithromycine), 1er trimestre de grossesse

Commentaires : cette indication est hors AMM, mais fais partie des recommandations INVS (BEH 2010), ainsi que dans des recommandations internationales

INDICATIONS DE CONSULTATION

Une consultation médicale est recommandée :

  • si persistance des symptômes au-delà de 48 heures, surtout si le traitement conseillé a été correctement pris
  • si fièvre de plus de 38,5 °C
  • si selles glairo-sanglantes

REFERENCES

La Revue Prescrire, « La qualité de l’eau de boisson du voyageur », mai 2000, tome 20, n° 206, pages 363-369

BEH, « Recommandations sanitaires pour les voyageurs, 2010 », 1 juin 2010, n°21-22

Vidal Pro, www.vidalpro.net

Page créée le 10/05/2011.

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