En pratique de médecine du travail, la spirométrie est une investigation nécessaire au suivi des salariés exposés au travail à des nuisances respiratoires, suceptibles d’engendrer notamment des troubles ventilatoires obstructifs (asthme ou bronchopathie chronique obstructive), mais aussi dans le suivi des troubles ventilatoires restrictifs (pathologies interstitielles).
Les divers tableaux des maladies professionnelles mentionnant le diagnostic d’asthme requièrent que celui-ci soit « objectivé par explorations fonctionnelles respiratoires, recidivant en cas de nouvelle exposition ou confirmé par test ».
Conditions de réalisation de la spirométrie
Le sujet doit être au repos depuis au moins 15 minutes, assis, le dos droit, ne pas avoir fumé dans la dernière heure. Il est préférable de mesurer le poids / la taille et ne pas se contenter avec les valeurs indiquées par le patient, car de cela dépend l’interprétation des résultats.
Il est utile de noter l’heure de la dernière cigarette et l’heure de la dernière prise médicamenteuse. Lors d’une spirométrie effectuée pour bilan initial, le patient ne doit pas avoir pris des bronchodilatateurs de courte durée d’action au moins 8 heures avant la réalisation du test ou des bronchodilatateurs de longue durée d’action ou antihistaminiques à libération prolongée au moins 48 heures avant le test.
Explication de la manoeuvre avec expiration forcée
Avant la mesure, la manoeuvre doit être soigneusement expliquée au patient, avec démonstration.
Le patient doit inspirer profondément afin de remplir ses poumons à fond sans avoir l’embout dans la bouche, ensuite mettre l’embout dans la bouche de manière étanche (éviter les fuites) et expirer après le plus fort et le plus vite possible tout l’air de ses poumons dans le spiromètre. Idéalement, la durée de l’expiration devrait être au moins 6 secondes.
Ensuite, toujours l’embout dans la bouche, le patient inspire complètement et forcé.
Remarques techniques
C’est très important que les lèvres enferment bien l’embout du spiromètre, pour qu’il n’y ait pas de fuites. Le pince-nez est indispensable lors de l’effort expiratoire forcé.
Remarque méthodologiques
Le patient peut faire un ou deux essais pour se familiariser avec la manoeuvre.
Il est important d’insister sur la nécessité d’exercer un effort maximal tout au long de l’expiration dans la première épreuve portant sur les débits forcés et ensuite inspirer à fond dans la mesure sur la capacité vitale.
La qualité du test (précision et la reproductibilité) dépend :
– de la compréhension de la manoeuvre par le sujet
– de la coopération et de la motivation du sujet à faire des efforts respiratoires maximaux
– du pouvoir de persuasion du technicien
L’inspection de l’aspect de la courbe valide une mesure.
On doit effectuer un minimum de 3 mesures, qui doivent produire des résultats comparables, soit moins de 5% de différence entre la CVF (capacité vitale forcée) ou le VEMS sur les deux meilleurs résultats. En cas d’écart plus important, il faut répéter la mesure, jusqu’à l’obtention de résultats reproductibles ou jusqu’à un maximum de 8 mesures.
Commentaires
La capacité vitale (CV), mesurée au cours d’un effort expiratoire lent, est normalement supérieure à la capacité vitale forcée (CVF), mesurée au cours d’une expiration forcée (manoeuvre décrite ci-dessus). Pour cette raison, la capacité vitale sera retenue pour le calcul du rapport de Tiffeneau (VEMS/CV), nécessaire à l’évaluation du trouble ventilatoire obstructif.
Test de reversibilité
En pratique de médecine du travail, le test de réversibilité est une aide précieuse pour le diagnostic des maladies d’origine professionnelle, notamment il contribue à la construction du diagnostique d’asthme, qui est une maladie inflammatoire chronique des voies respiratoires caractérisée par une obstruction d’intensité variable et réversible des voies aériennes.
Ce test permet d’étayer également le diagnostic de bronchopneumopathie chronique obstructive, maladie qui se caractérise par une obstruction bronchique avec réversibilité incomplète et qui peut avoir également des causes professionnelles.
Le test de reversibilité doit être réalisé en cas de suspicion clinique d’asthme, même en absence d’un trouble ventilatoire obstructif (défini par un rapport VEMS/CV < 0,7).
Matériel nécessaire :
En pratique, la spirométrie avec expiration forcée sera répétée entre 10 et 15 minutes après administration d’un bronchodilatateur, le salbutamol / Ventoline(R), 4 doses de 100 ug, idéalement avec une chambre d’inhalation.
Le test est positif si le VEMS et/ou la CVF augmentent de plus de 12% et de plus de 200 ml, ce qui signe la présence d’une obstruction bronchique réversible.
Les patients ne présentent pas la réversibilité de l’obstruction à chaque évaluation, surtout s’ils prennent un traitement de fond ou si l’exposition à l’agent mis en cause n’est pas récente. La répétition de la spirométrie un autre jour peut s’avérer utile.
Bibliographie
Société de Pneumologie de Langue Française, Recommandations pour la pratique clinique concernant les explorations fonctionnelles respiratoires (2008-2010)
Recommandations méthodologiques « Standardisation de la spirométrie », ATS/ERS2005, traduction française : Rev Mal Resp 2006 ; 23 : 17S23-17S54
GINA Asthma, Recommandations de 2012
Diagnostic de l’asthme chez les sportifs (Agence française de lutte contre le dopage)
« Seconde édition française des Recommandations Européennes pour les Explorations Fonctionnelles Respiratoires », Rev. Mal. Resp., 2001, n° 18
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