Technique :
Prélèvement du milieu du jet, après une toilette locale soigneuse.
Dépistage d’un infection urinaire :
Eléments en faveur d’une infection urinaire :
- une leucocyturie, par la détection de l’activité estérasique des polynucléaires neutrophiles présents dans l’urine qu’ils soient intacts ou lysés ; le seuil de détection, de l’ordre de 10 leucocytes/μl, permet de mettre en évidence une leucocyturie significative ;
- une bactériurie avec des entérobactéries, par la détection de nitrites – les entérobactéries qui transforment les nitrates normalement présents dans l’urine en nitrite; les autres bactéries n’ont pas cette capacité et ne sont donc pas détectées par la bandelette (ex : Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus…) ; Pour être interprétable, ce test doit être pratiqué sur des urines ayant séjournées au moins 3h dans la vessie (le patient ne doit pas avoir uriné depuis au moins 3 heures)
Toujours dans le cadre d’une infection urinaire, on peut retrouver de manière accessoire :
- la protéinurie, témoin indirect de la présence de protéines bactériennes, de peu de valeur dans ce contexte
- l’hématurie microscopique, témoin indirect de l’inflammation de l’urothélium, ce qui ne modifie pas la conduite thérapeutique
En conclusion :
- si nitrites (-) et leucocytes (-) on peut exclure avec une excellente probabilité une infection urinaire. Valeur prédictive négative très bonne pour une infection urinaire (95%)
- si nitrites (+) ou leucocytes (+) une infection urinaire est possible, la valeur prédictive positive étant pourtant médiocre (35%); inversement, en cas d’infection urinaire réelle, on observe, dans près de 90% des cas, la positivité d’au moins un des deux paramètres ; en conclusion, la positivité d’un de ces deux paramètres doit conduire à la réalisation d’un ECBU
- si nitrites (+) et leucocytes (+) une infection urinaire est très probable.
Dépistage d’une protéinurie
Sensibilité: présence d’albumine au-dessus de 100 mg/l
Résultat normal ou non-significatif : négatif, traces, 1+ (correspond à environ 0,3 g/l)
Résultat anormal : 2+ (correspond à environ 1 g/l) , 3+ (correspond à environ 3 g/l) ou 4+
Faux positifs :
- bandelettes trop anciennes
- urine fortement alcaline
- présence concomitante de sang (hématurie ou règles) ou de pus (infection urinaire)
Faux négatifs :
- la BU ne détecte que l’albumine, pas les autres protéines (les chaines légères d’immunoglobulines ou protéines à bas poids moléculaire), et elle peut donc sous-estimer une protéinurie non sélective
Interprétation :
- une protéinurie est le synonyme d’atteinte glomérulaire
- exceptions :
- protéinurie temporaire : effort physique important, état fébrile aigu (vasodilatation glomérulaire)
- protéinurie orthostatique : protéinurie intermittente sans caractère pathologique, trouvée chez les sujets qui sont restés longtemps debout avant l’analyse (perturbation hémodynamique); cette protéinurie est absente dans les urines recueillies le matin, la personne ayant été couchée pendant la période de formation des urines; elle apparaît surtout chez des adultes jeunes, longilignes;
En conclusion :
- la découverte d’une protéinurie isolée à la bandelette urinaire conduit à répéter l’analyse (BU sur des urines de matin ou analyse quantitative sur les urines collectées pendant 24 heures), afin d’exclure la protéinurie orthostatique et celle temporaire
- la confirmation du résultat indique un caractère pathologique de cette protéinurie et conduit à un bilan biologique et clinique
Dépistage d’une hématurie
Valeur prédictive négative :
- excellente, si négativité de la bandelette pour la présence de sang, il n’y a pas d’hématurie; il n’existe pas de faux négatif
Faux positifs :
- peuvent être liés à la présence d’hémoglobine ou myoglobine, qui sont des situations pathologiques et nécessitent des investigations supplémentaires
Interprétation :
- si test positif, il faut tout d’abord exclure causes de hématurie transitoire : période des règles chez la femme, exercice physique intense ou activité sexuelle récente, maladie virale récente ; la BU devrait être répétée après quelques temps pour confirmer la disparition de l’hématurie ;
- une hématurie non-transitoire nécessite une cytologie du sédiment urinaire
- si présence concomitante de leucocytes et bactéries (nitrites), l’hématurie est interprétée comme un signe de l’inflammation de l’urothelium dans le contexte de l’infection urinaire, le bilan va continuer avec un ECBU
Utilisation à large échelle en médecine du travail
La pratique systématique du test à la bandelette urinaire (« le test pipi ») est devenue une tradition de la médecine du travail en France.
Cependant le dépistage d’un problème de santé non lié au travail ne rentre pas dans les missions du service ou du médecin du travail, l’apport de ce test pour le dépistage d’une atteinte à la santé liée au travail est très restreint (d’autres tests plus spécifiques sont à utiliser, sans entrer dans les détails) et l’apport de ce test à la détermination de l’aptitude est quasi nul.
De plus, le recueil des urines doit être soumis à des conditions spécifiques (urines du matin, à distance de la période de règles chez les femmes, hygiène locale correcte, milieu du jet, durée de conservation etc).
La réalisation systématique conduit à des découvertes fortuites, dont beaucoup de faux positifs, étant données les faibles qualités de ce test (sensibilité, spécificité) qui imposent des explications et des examens complémentaires, à faire par le médecin traitant, donc rédaction de courrier, soit une énorme perte de temps pour le médecin du travail.
De point de vue éthique, la demande systématique, sans indication médicale, est susceptible d’être interprétée comme une atteinte à la dignité de la personne.
Il en ressort que ce test ne peut aucunement faire l’objet d’une application routinière.
Ce test de dépistage, facile, rapide et peu couteux, garde toute sa valeur dans le cadre de protocoles bien établies pour des métiers bien définis, avec les réserves mentionnées.
Page créée le 22/02/2011.